Les avis des spécialistes divergent sur le bien-fondé de l’installation de bacs à boue.

Il est évident que la disparition des flaques de boue naturelle de qualité due à la transformation des chemins de campagne en routes macadamisées et aux printemps trop secs est un facteur non négligeable dans la disparition des colonies d’hirondelles. Certains spécialistes comme Claudy Noiret¹ ont observé que la parade nuptiale a lieu notamment autour des flaques de boues et des bacs à boue fréquentés par les hirondelles, avec échange de boue entre individus d’un même couple.

Malgré cela, chez Natagora, plusieurs ornithologues soutiennent que l’aménagement de bac à boue n’est pas une priorité. 

En effet, nous constatons que beaucoup de bacs à boue installés volontairement n’ont aucun succès et ne sont pas fréquentés par les hirondelles. Cela s’explique probablement, par le fait qu’ils ne sont pas installés dans un environnement adapté, suffisamment dégagé pour être protégé des prédateurs ou qu’il ne propose pas une boue adaptée.

Nous avons également des témoignages de bacs à boue abandonnés, non approvisionnés avec le bon mélange de terre et surtout oubliés en période de sécheresse. 

L'urgence est de lutter contre la destruction des nids, même en dehors de la période de nidification, de conscientiser de l’importance du maintien des colonies existantes par la conservation des sites de nidification adaptés. En effet, les corniches sont de plus en plus lisses, l’utilisation de zinc ou de panneaux lisses se généralise. Nous pensons qu’il ne sera pas possible de sauver certaines colonies sans passer par l’installation de nichoirs artificiels. Cela n’exclut pas de prendre des mesures pour conserver ou prévoir des murs, corniches et débours adaptés à la fabrication de nids naturels. La proximité de boue est une condition importante puisque les hirondelles effectuent jusqu’à 2000 aller-retour pour construire un nid. 

Si vous désirez tout de même installer un bac à boue, nous vous invitons à mettre toutes les chances de votre côté en consultant un ou une spécialiste et en respectant les points d’attentions ci-dessous : 

• Le bac à boue doit être dans un espace très dégagé (idéalement en hauteur, un toit plat convient mieux) pour éviter que les hirondelles soient importunées par des prédateurs. 
• Il doit être facilement accessible tout en étant en dehors du passage des êtres humains, car il est nécessaire de 
  • Vérifier une à deux fois par jour, par temps sec, la présence d’eau, et au besoin ajouter de l’eau, dès le retour des hirondelles et pour toute la période de construction des nids. 
  • Arroser et malaxer régulièrement le mélange en son centre ou sur un côté : il faut une bonne consistance non homogène pour laisser le choix aux oiseaux. Les oiseaux doivent pouvoir trouver de quoi faire des boulettes facilement. 
• Réaliser un grand bac de faible profondeur.
• Prévoyez le bon mélange de terre très argileuse.
  • Proscrire l’utilisation d’une terre de jardin sablonneuse ou avec de l’humus, car sans cohésion suffisante (pas assez collant). Les hirondelles pourraient l’utiliser, à défaut d’une bonne terre à disposition, ce qui engendrerait un risque d’effondrement des nids avec perte de la nichée !
  • Trop liquide, ou trop sec, ça ne tient pas ! En pratique : laisser plus de terre sur un côté (elle peut dépasser la hauteur du bac) et 2 à 3 cm d’eau de l’autre, mélanger grossièrement entre les deux en faisant une pente douce.

¹ Claudy Noiret, spécialiste des hirondelles, asbl Les Bocages